article Ouest France mercredi 19 octobre 2011
L'alimentation a des effets sur le cancer du sein
Reste à comprendre les mécanismes qui jouent sur le développement de la maladie, qui fait 11 500 morts par an en France. Une étude internationale vient d'être lancée. Pour prévenir plutôt que guérir.
Un nouveau cap pour la recherche
Depuis quarante ans, la priorité a été donnée à l'amélioration des traitements et au dépistage. « Avec de véritables progrès », se félicite Sophie Lelièvre, une chercheuse normande devenue professeure à l'université de Purdue, dans l'Indiana (États-Unis), et directrice adjointe du centre de recherche sur le cancer de la même ville. « Maintenant, il faut d'urgence ouvrir la piste de la prévention. »
Augmentation des cas
Dans la plupart des pays, on constate une augmentation du nombre de cancers du sein. « On ne peut imaginer de devoir soigner un nombre croissant de femmes avec des traitements lourds et coûteux. Certains pays n'en auront même pas les moyens. Il nous faut agir sur les causes. » L'alimentation en fait partie. « On sait par exemple que l'obésité chez la femme ménopausée et une consommation excessive d'alcool sont des facteurs de risque. »
Des études contradictoires
De nombreux pays ont lancé des programmes sur l'alimentation. Mais les populations étudiées, les méthodes employées ne permettent pas de tirer des conclusions universelles. « Certaines données sont même contradictoires. Une chose est sûre : tous les pays où l'on constate une rapide augmentation des cas ont connu un changement du comportement alimentaire. »
Toujours la malbouffe
Dans le collimateur, la nourriture rapide, trop sucrée, trop grasse, qui fait déjà des ravages dans la population avec l'obésité qu'elle provoque. « La glande mammaire est très sensible à la nutrition entre le début de la vie fœtale et la puberté. L'alimentation de la mère, puis celle de l'enfant jouent donc un rôle essentiel. » Cette exposition rapide à une piètre nutrition pourrait être l'une des explications à la précocité des cancers du sein.
Mais aussi le stress et la pollution
Trois facteurs environnementaux sont susceptibles de démultiplier les risques. La nutrition, mais aussi le stress à long terme et la pollution. « Le facteur socio-économique joue beaucoup. Imaginez une personne qui, toute l'année, se demande comment elle va faire pour nourrir sa famille, qui achète trop de produits gras et sucrés et vit dans une banlieue polluée... »
La clé des gènes
Au-delà du génome, notre patrimoine génétique connu et fixe, il y a ce qu'on appelle l'épigénome. Ou comment l'histoire individuelle de chacun influe sur l'organisation des gènes de notre corps. « L'épigénome est malléable, il est influencé par la nutrition, la pollution... Il l'est l'une des clés pour comprendre comment un facteur de risque peut déclencher la formation d'un cancer. » Toutes ces notions sont au coeur d'une vaste étude internationale prenant en compte des données scientifiques, mais aussi sociétales. Comment changer notre mode de vie pour un avenir plus sain.