LE GRAND COMPLEXE AQUATIQUE : UN PROJET AMBITIEUX SÉDUISANT…MAIS…
Au début des années 70, le maire de Cabourg (célèbre station balnéaire du littoral normand) après avoir racheté le casino en confie la direction à Bruno Coquatrix dont le nom restera attaché aux grandes heures de l’Olympia de Paris.
Du coup, le casino de Cabourg va accueillir les plus grandes vedettes de l’époque : Piaf, Brel, Bécaud, Distel…
Fort de ce succès, et de ce regain de prestige, Bruno Coquatrix se présente lui-même aux élections municipales en 1971 et devient maire de la ville.
Dans son programme il s’est engagé à accroître encore le lustre de la station (il s’agit à l’époque de détrôner Deauville, station qui draine quelques-unes des plus grandes fortunes parisiennes. Faisant preuve d’ambition il annonce, notamment, qu’il va doter sa station d’une piscine de … 100 mètres !
Après une première étude, Bruno Coquatrix revoit ses ambitions à la baisse : une piscine mesurant cette fois 50 mètres est désormais envisagée, sans pour autant que les travaux soient engagés…puisque rien n’est fait avant son décès qui survient en 1979.
La nouvelle équipe municipale qui lui succède fait enfin aboutir le projet de piscine et l’associé de mon père est choisi pour le concrétiser.
Cette piscine, une fois réalisée, comprendra finalement un bassin de… 25 mètres, et comportera 4 couloirs.
Il faut savoir qu’après le « premier choc pétrolier » les premières mesures gouvernementales relatives à la réduction de la consommation énergétique sont intervenues. Et , dans ce domaine, les piscines sont les premiers équipements sportifs concernés …
A l’époque déjà certains élus avaient compris que même l’ambition avait un prix… !
Revenons à nos préoccupations Olonnaises.
Désirer un grand bassin ludique de 50 mètres n’est pas stupide.
L’idée est même terriblement séduisante.
Simplement elle a un coût !
Considérer que les équipements dédiés à l’éducation et à la formation n’ont pas à être rentables est un point de vue que je partage totalement.
Je suis d’accord : nos impôts doivent notamment permettre de donner à l’éducation une meilleure place, de faciliter l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, de favoriser l’accès à la pratique sportive, de promouvoir les pratiques artistiques et culturelles…de réduire les inégalités, d’aboutir en quelque sorte à ce que notre société devienne meilleure et collectivement plus intelligente.
Oui ! mais comme l’argent est cher, il nous faut aussi nous assurer de la pertinence des choix budgétaires.
Mon raisonnement a donc été le suivant : la piscine (telle qu’elle est actuellement prévue) coûtera chaque année en fonctionnement entre 700.000 et 1M d’euros aux contribuables.
Pour un grand complexe comprenant un bassin de 50 mètres il faudrait sans doute doubler cette somme.
Un projet « plus ambitieux » entraînerait donc chaque année une dépense de fonctionnement supplémentaire conséquente, à la charge de la CCO, et donc des contribuables que nous sommes.
L’intérêt ne serait certes pas négligeable.
Mais j’ai pour ma part la faiblesse de penser qu’il serait plus utile de dépenser cette somme autrement et de financer d’autres actions.
Le Pays des Olonnes manque par exemple de petites salles affectées en permanence à la pratique du théâtre amateur (dont l’immense intérêt demeure sous-estimé) , à la mise en place d’ateliers d’écriture, aux musiques amplifiées…
Des salles de réunions destinées à promouvoir une citoyenneté de proximité devraient être également mises à la disposition d’associations de quartier dont il conviendrait d’encourager la création…
L’ouverture de jardins familiaux serait, par ailleurs, bienvenue…
Tout ceci, pour le coup, affirmerait une véritable ambition.
Amuser les jeunes et les moins jeunes…leur permettre de se détendre…n’est pas inintéressant.
Leur donner les moyens de devenir les acteurs de leur existence, tant au plan individuel que collectif, devrait cependant constituer l’un des objectifs majeurs des élus.
Là réside l’un des principaux enjeux de la politique.