CONSTRUIRE L'AVENIR ENSEMBLE
 

24/10/2014

la quadrature du cercle !




"Comme chaque année, au moment du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale, revient la même question : « Où la sécu va-t-elle faire des économies ? ».
On dénonce les hôpitaux mal gérés, les 35 heures, la consommation excessive de médicaments et, en résumé, une assurance-maladie au-dessus de nos moyens, ce qui nous conduit à nous endetter au détriment des générations à venir, égoïstes que nous sommes. Des « coups de rabot » sont alors prévus sur les dépenses sanitaires et sociales.
Pourtant, un chapitre du rapport annuel de la Cour des comptes sur l'application des lois de financement de la Sécurité sociale, publié le mois dernier, conduit à une explication tout à fait différente.

Ce rapport mentionne que la fraude aux cotisations imputable aux entreprises a doublé en huit ans. Elle représente un manque à gagner de plus de 20 milliards d'euros, en 2012 (cotisations sociales, CSG, CRDS, Unedic et assurances complémentaires obligatoires), alors que le « déficit » était de l'ordre de 19 milliards. Autrement dit, si l'ensemble des cotisations dues avait été effectivement versé par les entreprises assujetties, notre bonne vieille Sécu serait en excédent malgré le ralentissement économique préjudiciable à l'équilibre des comptes sociaux. Il est surprenant que les médias aient peu développé cette information.

Cette fraude provient pour plus de 90 % du travail dissimulé, en particulier dans les secteurs de la construction et du commerce. Elle repose sur d'anciennes pratiques (principalement la sous-déclaration d'activité), mais aussi sur des abus nouveaux (statut de travailleur détaché à l'étranger ou d'auto-entrepreneur). De plus, elle s'effectue très souvent au détriment d'une main-d'oeuvre précaire, confrontée à des conditions d'emploi et d'hébergement socialement inacceptables.
La lutte contre ce fléau est donc prioritaire, mais les effectifs de l'inspection du travail semblent considérablement sous-dimensionnés pour atteindre cet objectif : environ 800 inspecteurs assistés de 1 500 contrôleurs veillent à la protection de 18 millions de salariés du secteur privé travaillant dans 1,8 million d'entreprises.

Bien entendu, rechercher un meilleur recouvrement de cet important gisement de financement ne signifie pas qu'il ne faille pas continuer à améliorer la gestion des moyens attribués à notre santé par la collectivité. Nombreuses sont les initiatives qui s'y emploient. Mais il est faux de dire que nous n'avons pas les moyens d'affecter à nos dépenses sanitaires et sociales des sommes qui croîtront inévitablement au fil du temps, du fait de la diffusion à tous des progrès médicaux et techniques, ainsi que du vieillissement de notre population. Cette évolution est à voir comme une chance et non comme un poids, à l'heure où notre économie est en quête de croissance non délocalisable."

jacques grollier Maître de conf. Rennes 1

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