Quelques extraits de l’article de Médiapart sur le scandale DEXIA et ses prêts Toxiques ..
(l’article intégral sous ce lien)
Une heure durant, les élus, membres de la commission d'enquête parlementaire sur les produits financiers à risque, venaient ce mardi 15 novembre d'écouter les anciens dirigeants de la banque Dexia.
Après un tel désastre, les parlementaires attendaient un début d'aveu, la reconnaissance d'au moins quelques erreurs, d'un aveuglement. Mais les dirigeants de Dexia n'ont pas eu un mot d'excuse. Responsables, eux ? Non. De rien…….
Le ressentiment est d'autant plus grand à l'égard de Dexia, qu'il était le banquier historique des collectivités locales. Voyant toujours dans la banque l'héritier du Crédit local, l'ombre portée de la Caisse des dépôts, aucun d'entre eux n'a soupçonné qu'il avait changé de jeu. Qu'il n'était plus le partenaire des villes mais le défenseur de ses seuls intérêts actionnariaux. Plusieurs élus ont rappelé les visites insistantes des commerciaux de Dexia, les relançant une fois, deux fois, trois fois, pour qu'ils renégocient leurs prêts, qu'ils ne passent pas à côté de la chance historique que leur offrait le marché.
« Oui, de très grandes villes, toutes outillées pour comprendre les produits qu'on leur vendait. Nous avons auditionné ici une commune du Loir-et-Cher, asphyxiée par les prêts toxiques. 986 habitants », rétorqua le président de la commission, Claude Bartolone, avant d'énumérer une longue liste de communes françaises de moins de 10.000 habitants, prises, comme son département, la Seine-Saint-Denis, dans les rets des prêts toxiques……
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En fait, lesCollectivités se trouvent dans une situation de contre-assurance. On leur a demandé de vendre une assurance pour couvrir les banques. (..) Mais ce n'est pas un jeu à somme nulle. Les options se cumulent et peuvent atteindre des montants astronomiques sur 20 ou 30 ans. Car une option normalement se fait dans un temps limité pour couvrir une opération industrielle ou commerciale. Personne ne prend des options sur 30 ans. Car le risque est illimité et imprévisible. C'est pourtant ce qu'ont fait les banques, en le gageant sur l'impôt. » L'explication jeta un froid. Les parlementaires, souvent élus locaux, comprirent qu'ils dansaient sur un volcan. Ils étaient devenus contreparties des banques dans leurs jeux financiers, sans même s'en douter……
Aujourd'hui, toutes ces communes se retrouvent seules à tenter de renégocier leurs engagements financiers. Le casse-tête est total. Dexia s'est souvent empressée de revendre à d'autres banques les prêts qu'elle avait consentis à des communes. Aujourd'hui, ces titres sont souvent dans des mains étrangères. Et les nouveaux détenteurs ne sont pas du tout décidés à renégocier de telles mines d'or gagées sur l'argent public, d'autant que l'Etat, dans le sauvetage de Dexia, a consenti sa garantie.
Sans solution face à des prêts dont les intérêts peuvent atteindre 20% à 30% par an, certains élus menacent de rendre les clés et de confier la gestion au préfet……..
Aujourd'hui, l’État continue de botter en touche, ayant l'impression d'avoir résolu l'essentiel du problème grâce à une commission administrative……..