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29/03/2011

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Le 29/03/2011 à 07:09 - Mis à jour le 29/03/2011 à 09:35

Du plutonium décelé dans le sol de la centrale de Fukushima

Du plutonium décelé dans le sol de la centrale de Fukushima
© REA

par Yoko Nishikawa

TOKYO (Reuters) - Le plutonium décelé dans le sol de la centrale atomique de Fukushima-Daiichi, dans le nord du Japon, a renforcé mardi les inquiétudes concernant les longs efforts que va devoir poursuivre le pays pour venir à bout du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl en 1986.

Au parlement, le Premier ministre japonais Naoto Kan a été vivement critiqué mardi pour sa gestion de la crise nucléaire, provoquée par un séisme et un tsunami dévastateurs qui ont fait le 11 mars plus de 28.000 morts et disparus.

Déjà fortement impopulaire, Naoto Kan a assuré à des parlementaires en colère que le gouvernement rendait publiques toutes les informations en sa possession. Il a en outre défendu sa décision de survoler le site de la centrale au lendemain du séisme afin d'évaluer personnellement la situation, fait qui, selon la presse, a retardé le lancement d'opérations cruciales pour tenter de refroidir les réacteurs.

Un député de l'opposition, Yosuke Isozaki, a notamment reproché à Kan de ne pas avoir ordonné l'évacuation des populations dans la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale. "Peut-il y avoir quelque chose de plus irresponsable que cela?", lui a-t-il lancé.

Kan lui a répondu que le gouvernement menait des consultations sur l'hypothèse d'une évacuation totale dans un rayon de 30 km, ce qui entraînerait le départ de 130.000 habitants, en plus des 70.000 qui ont déjà quitté la zone de 20 km. Jusque-là, ces 130.000 personnes se sont seulement vu conseiller de partir, sans qu'il y ait eu obligation.

Naoto Kan a déclaré devant les députés que la situation à la centrale accidentée nécessitait d'être vigilant et il a assuré que les autorités y faisaient face "avec un sens d'urgence maximal".

Les autorités japonaises semblent se résigner à un combat de longue haleine pour contenir l'accident. En attendant, Tepco, l'exploitant de la centrale, a sollicité une aide française. Le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, a confirmé que l'opérateur privé nippon avait demandé durant le week-end l'aide d'EDF, d'Areva et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). (voir ).

Tepco a annoncé avoir trouvé du plutonium 238, 239 et 240 en cinq endroits dans le sol de la centrale, dans des échantillons prélevés la semaine dernière. Le vice-président de Tepco, Sakae Muto, a cependant assuré que ce plutonium, dont la concentration était similaire à ce que l'on peut trouver dans l'environnement naturel, ne présentait pas de danger pour la santé humaine.

RADIOACTIVITÉ DANGEREUSE À IITATE

Tepco a dit n'avoir pu déterminer l'origine de ce plutonium, bien qu'il semble que deux des cinq échantillons résultent de l'accident à la centrale et non de dépôts provenant de l'atmosphère. Selon des experts, une partie au moins de ce plutonium proviendrait de barres de combustible usé ou de dégâts subis par le réacteur n°3, le seul à utiliser du plutonium dans son combustible.

L'Agence japonaise de sûreté nucléaire s'est déclarée préoccupée par ces échantillons dont l'activité variait de 0,18 à 0,54 becquerels par kilo.

"Bien que ce niveau ne soit pas dangereux pour la santé humaine, je ne suis pas optimiste. Cela veut dire que le mécanisme de confinement est rompu, de sorte que je pense que la situation est inquiétante", a résumé Hideko Nishiyama, de l'Agence de sûreté nucléaire.

En outre, lundi, de l'eau fortement radioactive a été décelée dans des tunnels en béton passant sous un réacteur. Cela constitue un dilemme pour Tepco, qui veut arroser d'eau les réacteurs pour les refroidir, mais ne veut pas pour autant propager de la radioactivité, a déclaré mardi le secrétaire général du gouvernement japonais, Yukio Edano.

"Sur la question du pompage de l'eau, nous devons éviter que la température (des cartouches de combustible) augmente et que l'eau bouillonne. Aussi, le refroidissement est une priorité. D'un autre côté, concernant l'eau (radioactive) qui stagne, il faut intervenir pour l'évacuer le plus vite possible", a-t-il expliqué.

L'organisation écologiste Greenpeace a déclaré que ses experts avaient confirmé une radioactivité dangereuse allant jusqu'à des doses de 10 microSievert par heure dans le village d'Iitate, à 40 km au nord-ouest de la centrale accidentée.

Aussi l'organisation a-t-elle réclamé une extension de la zone d'évacuation, pour l'heure limitée à un rayon de 20 km autour de la centrale. "Il est évident qu'il n'est pas bon pour les habitants de rester à Iitate, notamment pour les enfants et les femmes enceintes", a dit Greenpeace, en demandant aux autorités de "cesser de privilégier la politique aux dépens de la science".

L'Agence japonaise de sûreté nucléaire a rétorqué que les mesures de Greenpeace ne pouvaient être considérées comme fiables. Elle a également pu annoncer lundi une bonne nouvelle: le niveau de radioactivité dans la mer au large de la centrale, qui était 1.850 fois supérieur à la normale dimanche, a fortement baissé.

Dans le centre de Tokyo, des mesures effectuées mardi faisaient état d'une dose de 0,20 à 0,22 microSievert par heure, soit dans la fourchette moyenne de radioactivité ambiante naturelle, admise au plan international, qui est de 0,17 à 0,39 microSievert.

Avec Thierry Lévêque à Paris, Clément Guillou et Eric Faye pour le service français

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