Diversifier l'alimentation pour éviter l'exposition aux substances chimiques
D'après une étude sur l'exposition aux contaminations chimiques via l'alimentation, l'Anses conclut que le niveau de sécurité sanitaire est globalement bon mais appelle la population à diversifier autant que possible son alimentation.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) vient de publier les résultats de son étude dite de l'alimentation totale (EAT 2) initiée en 2006. 445 substances chimiques (pesticides, métaux lourds, contaminants issus des activités humaines, phyto-oestrogènes, additifs,…) ont été recherchées dans plus de 20.000 aliments. Près de 250.000 résultats d'analyses ont ainsi été croisés avec les habitudes alimentaires (étude INCA2), permettant d'estimer l'exposition globale des consommateurs à différentes substances.
Une situation satisfaisante pour 85% des substances étudiées
Résultat, pour 85% des substances recherchées, les niveaux d'exposition estimés sont inférieurs aux valeurs toxicologiques de référence (VTR). Autrement dit, dans de nombreux cas, la contamination observée dans les aliments ne devrait théoriquement pas avoir d'impact majeur sur la santé même après une exposition de long terme. Pour l'Ansès, les résultats démontrent ainsi "un bon niveau global de maîtrise sanitaire".
Par rapport aux études précédentes, l'Ansès constate une amélioration pour certaines substances. Ainsi, concernant les dioxines et les PolyChloroBiphenyles (PCB), le pourcentage d'adultes et d'enfants potentiellement exposés à des niveaux supérieurs au VTR est passé de 28% en 2005 à moins de 1% aujourd'hui. "Cette évolution favorable est notamment la conséquence d'une interdiction des PCB en France depuis désormais plus de 15 ans et de la mise en place d'une règlementation sur l'ensemble de la chaîne alimentaire aussi bien pour les dioxines que les PCB", explique l'Ansès.
Manger de tout pour éviter une exposition à risque
Mais la situation est plus inquiétante pour certains composés chimiques pour lesquels la tendance est inversée. Le niveau d'exposition serait supérieur aux VTR pour certaines catégories de la population française dont les habitudes alimentaires se caractérisent par une forte consommation de certains aliments spécifiques. Ce serait le cas pour certains composés inorganiques (cadmium, arsenic inorganique, aluminium, méthylmercure), des sulfites (additif présent notamment dans le vin), d'une mycotoxine (deoxynivalénol, dit DON), de l'acrylamide (composé formé lors de la cuisson) et d'un pesticide (diméthoate). C'est encore le cas pour le plomb et les PCB, malgré les baisses d'exposition constatées. L'association Générations Futures très impliquée sur les questions de contamination alimentaire, s'étonne tout particulièrement de la hausse des teneurs en cadmium de certains aliments : "sachant que certains engrais agricoles et ou des boues d'épandage peuvent être des sources de contamination au cadmium, nous recommandons de surveiller ce point et de limiter leurs utilisations", précise l'association dans un communiqué.
L'Anses préconise pour sa part de diversifier l'alimentation pour éviter d'accumuler certaines substances et être confronté à des niveaux de toxicité dangereux pour la santé. C'est le cas notamment avec les poissons gras comme le saumon qui ont tendance à concentrer les PCB ou le thon qui présente souvent des taux élevés de méthylmercure. La vigilance s'applique également aux aliments peu contaminés mais très consommés comme les céréales (cadmium, plomb, aluminium, DON et dérivés), le café (cuivre, arsenic inorganique et acrylamide) et, dans une moindre mesure, le lait (plomb, zinc).
De nouvelles études sont prévues pour affiner et compléter ces résultats. Recherche d'autres substances notamment les perturbateurs endocriniens, étude spécifique aux enfants ou aux femmes enceintes, prise en compte des effets cumulés des substances, autres voies d'exposition que l'alimentation… les sujets ne manquent pas.
Florence Roussel