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25/09/2011

pas en Vendée ..mais bon ! nous avons toujours 15 ans de retard ?

Déchets biodégradables : le tri sélectif préféré au traitement mécano-biologique

Face à la tentation de certaines collectivités d'installer un traitement mécano-biologique, le Cercle national du recyclage se montre pessimiste envers ce procédé, utilisé seulement comme stabilisateur de déchets dans la plupart des pays européens.


Déchets biodégradables : le tri sélectif préféré au traitement mécano-biologique Tube de pré-fermentation pour réduire les éléments fermentescibles

Dans son dossier technique intitulé "Réflexions et pistes sur le traitement mécano-biologique", le Cercle national du recyclage (CNR) a rassemblé un certain nombre d'éléments afin d'apporter le plus de réponses possibles aux collectivités qui s'interrogent sur ce procédé. Ces dernières sont de plus en plus nombreuses à réfléchir à la mise en place d'un traitement mécano-biologique (TMB) afin de réduire la quantité de biodéchets mise en décharge et surtout de valoriser la partie compost produite.

Le tri des déchets fermentescibles

D'après l'Ademe, 55 sites d'une capacité de 3,2 millions de tonnes devraient être créés dans les cinq prochaines années en France. Ce procédé pourrait, en effet, permettre de répondre aux objectifs fixés par la directive européenne de 1999 qui demande aux Etats membres de diminuer, d'ici 2016, la quantité de déchets biodégradables à 35 % en poids par rapport à ceux produits en 1995. Par ailleurs, l'article 46 du Grenelle de l'environnement fixe également, au niveau national, une augmentation du recyclage des matières organiques afin d'orienter vers les filières spécialisées un taux de 35 % en 2012 et 45 % en 2015 de déchets ménagers et assimilés.

Appliqué aux ordures ménagères résiduelles (OMR), le TMB a pour objectif d'en extraire la fraction fermentescible par des opérations de tris mécaniques. Selon la filière aval retenue, ce traitement mécanique est accompagné d'opérations biologiques telles que le compostage ou la méthanisation en vue de produire du compost et de l'énergie sous forme de compost. La séparation de la fraction organique du reste des OMR réduit, par ailleurs, la quantité de déchets destinés au stockage.

Une modification attendue des normes

Pour la création et le développement des installations TMB, certaines difficultés et incertitudes, notamment réglementaires, existent. Elles se focalisent en particulier sur la qualité du compost issu de ce type de traitement.

Contrairement à d'autres pays européens, la France autorise le compostage d'OMR. Depuis février 2009, le compost produit doit obligatoirement répondre à la norme NFU 44-051 qui fixe des critères de composition en éléments fertilisants et des critères d'innocuité. Mais, sur les 23 installations françaises existantes, "seules douze annoncent produire un compost conforme". Cette situation pourrait se compliquer avec l'adoption d'une réglementation européenne qui imposerait des valeurs limites inférieures à celles de la norme française afin de s'aligner sur les critères des autres pays. En cours de révision, la norme NFU 44-051 envisage donc d'introduire prochainement des seuils plus stricts, or "rien n'assure qu'un compost répondant à la norme aujourd'hui y répondra encore avec ces nouvelles obligations", note le dossier technique.

De plus, un projet de règlement européen, dont la sortie est prévue pour octobre 2012, devrait

autoriser le statut de produit uniquement aux composts issus de biodéchets collectés sélectivement et répondant aux critères de qualité. Dans cette éventualité, les composts issus de TMB garderaient leur statut de déchet et devraient alors être épandus. Cette possible interdiction d'utilisation de compost issu d'OMR compromettrait les débouchés de ce traitement et donc l'existence même de ce type d'installation.

Au niveau économique, l'évaluation des coûts demeure difficile en raison du manque de données générales sur les montants mis en jeu par les TMB en France. Mais, cette installation qui requiert des investissements conséquents ne sera de toute façon intéressante que si le compost obtenu trouve de véritables filières de valorisation.

Au vue de ces différentes observations, le CNR approuve la préconisation du Grenelle et de l'Ademe qui invite les collectivités locales à privilégier avant tout la collecte sélective des biodéchets.

Des conseils à suivre

Certaines collectivités qui se heurtent à des difficultés liées à la collecte de ces déchets ou au surcoût engendré par ce ramassage, font quand même le choix d'installer un procédé de TMB.

Pour ces dernières, le CNR a publié une liste de conseils dans son dossier technique afin de les accompagner au mieux dans leur démarche.

En premier lieu, il souligne, qu'avant la mise en place de tout projet de TBM, les collectivités doivent réaliser une étude qualitative et quantitative pour connaître le gisement potentiellement captable au niveau local. Elles devront envisager et intégrer le TBM dans un système de gestion globale des déchets, car ce traitement n'est qu'une étape entre la collecte et la destination finale des déchets. De plus, "il faut dans tous les cas confronter les différents modes possibles de valorisation des déchets organiques et notamment de la fraction fermentescible des OMR afin d'opter pour la solution la plus adaptée au niveau local", appuie le CNR

Les exploitants de ce type d'installation devront aussi envisager dès l'initiation du projet les possibles évolutions réglementaires tel qu'un durcissement de la norme NFU 44-051 et rester vigilant au vu des réflexions européennes actuelles.

Afin de se préparer aux évolutions réglementaires éventuelles, le CNR recommande, par ailleurs, d'opter pour les solutions techniques qui offre la meilleure qualité de compost possible. Pour obtenir cette qualité, plusieurs conseils sont donnés dans le rapport.

"La mise en place d'une collecte performante de déchets dangereux est un préalable à la création d'un TMB", précise le CNR. Cela est indispensable pour éviter que certaines molécules polluantes se dispersent et contaminent les OMR, rendant la production d'un compost non conforme. En outre, une collecte également performante des emballages plastiques et en verre est nécessaire afin de retirer en amont un maximum d'éléments indésirables à la production de compost.

Au niveau de l'installation, le broyage en tête du procédé est à proscrire pour les TMB associés au compostage ou à la méthanisation car il disperse les polluants dans l'ensemble des OMR. L'utilisation d'un tube de pré-fermentation pour réduire les éléments fermentescibles ainsi que des appareils d'affinage pour extraire les indésirables sont également préconisés.

Enfin, le dossier technique du CNR conclut sur l'obligation des collectivités qui souhaitent se lancer dans un tel projet, d'envisager toutes les possibilités au niveau des débouchés et exutoires finaux. Seul moyen de s'assurer de la viabilité économique d'une installation de TMB en l'état actuel des mesures et obligations.


clément cygler

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