"Eau : le barrage sur l'Auzance est-il toujours pertinent ?
Le lieu-dit le Petit Besson, près de l'Auzance. C'est ici que le projet de barrage est envisagé.
Le Département s'apprête à prendre des décisions fortes pour en finir avec l'angoisse chronique du manque d'eau. Le barrage sur l'Auzance a perdu du terrain. Au point d'être remis en cause ?
Trois raisons pour le réaliser
Des besoins toujours plus grands
Face à une population qui augmente (840 000 habitants en 2040), le département doit trouver des ressources nouvelles, les besoins supplémentaires, d'ici 2025, étant estimés à 10 millions de m3.
Qui plus est, les besoins agricoles (environ 100 millions de m3), industriels aussi, restent très élevés. À l'évidence, le barrage de l'Auzance ne serait pas de trop dans un « bouquet » de ressources en eau. Vendée eau (1) a d'ailleurs déposé un nouveau projet à l'État voilà quelques semaines.
Cet après-midi, le préfet, Jean-Jacques Brot, devrait dire la suite (positive ou non) qu'il donne au barrage. Le conseil général dévoilera ensuite ses intentions.
Une si longue attente...
Quinze ans d'études en tous genres, des réunions publiques à répétition, des motions du conseil général, des terres achetées aux agriculteurs (500 hectares) par la Safer puis revendues à Vendée eau... « Que de temps perdu si le barrage ne se fait pas », s'agace le sénateur Jean-Claude Merceron. Depuis quelques mois, le Département travaille sur plusieurs scénarios, avec ou sans barrage, avec ou sans raccordement.
Moins cher qu'un raccordement avec la Loire
Les études comparatives seraient plutôt favorables au barrage. Celui-ci coûterait 25 millions d'euros en investissement pour le contribuable, « contre le double pour une conduite d'une centaine de kilomètres reliant le fleuve nantais à la Vendée », indique Bernard Laubiès, directeur de Vendée eau. Certains craignent aussi qu'en cas de sécheresse, la Loire alimente prioritairement la Loire-Atlantique plutôt que la Vendée.
Trois raisons pour l'enterrer
Il arrive trop tard
« Il y a urgence, analyse Joël Limouzin, président de la FDSEA. On ne peut pas prendre le risque d'une grave pénurie d'eau, il faut trouver des solutions rapidement. » L'option barrage paraît risquée, car sa concrétisation risque d'être longue. « Avec l'enquête publique plus les éventuels recours, si ça doit nous amener à 7 ou 8 ans de délai, on aura une crise avant », prédit Joël Limouzin. Joël Sarlot, vice-président du conseil général, fait preuve de pragmatisme. « Il vaut mieux un raccordement, même si ça n'est pas idéal, plutôt que rien du tout. » L'heure du barrage semble passée. Avec une retenue formatée pour contenir 8 millions de m3 (mais seulement 4 pour l'eau potable), la Vendée ferait encore de la corde raide une année sur cinq.
Des contraintes environnementales et législatives
La législation européenne est devenue très contraignante pour les barrages, coupables de perturber les milieux.
Certes, souligne Bernard Laubiès, « la réglementation européenne n'interdit pas d'en construire, mais c'est très restrictif ». Les porteurs de projet doivent notamment démontrer « qu'il n'y a pas d'autres solutions environnementales meilleures, à un coût qui ne soit pas disproportionné ».
Une définition réglementaire suffisamment floue pour alimenter toutes les interprétations. Avec derrière, le risque d'une bataille juridique à l'issue toujours incertaine.
D'autres solutions
Le transfert d'eau depuis la Loire paraît plus rapide à mettre en oeuvre. « C'est le plus sage, surtout si l'on doit faire face à des recours », estime Joël Sarlot.
Joël Limouzin n'est pas contre et plaide aussi pour le renforcement de l'interconnexion entre les barrages existants. « C'est la solution la plus intelligente. » L'usine de dessalement (dix ans seront nécessaires), les forages (2 millions de m3) et les économies d'eau (2 millions de m3 également) sont d'autres pistes à explorer.
Armand Reboux, président de La Facture d'eau, en propose une autre, plus explosive : changer les modes de culture, trop gourmands en eau. « Ça permettrait de disposer d'une ressource abondante et ça réglerait une bonne partie du problème. »"
Philippe ECALLE. Ouest-France
N.B n'oublions pas non plus, de nous méfier de certaines commissions ad-hoc élaborées pour mieux faire passer certains mauvais projets