Procès pour abus caractérisé de pesticides !
Pour la première fois dans l’histoire, des pomiculteurs sont traînés en justice pour ne pas avoir respecté les strictes conditions d’épandage de pesticides. Une voisine, une association de riverains et Générations futures ont porté plainte, le procès doit s’ouvrir jeudi 13 janvier devant le tribunal correctionnel de Brive. Un procès sur lequel repose de nombreux espoirs et qui pourrait faire jurisprudence…
Le procès de trois pomiculteurs accusés d'avoir épandu des pesticides dans des conditions contraires à la loi s'ouvre jeudi 13 janvier | Crédit photo : © ermess - Fotolia.com |
La loi est claire : l’épandage de pesticides ne doit avoir lieu si la force du vent dépasse les 19 km/h. Or, les 24 et 26 mars derniers, trois pomiculteurs d’Allassac, au nord de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, n’ont pas respecté ces conditions. A ces deux dates, le vent soufflait à respectivement 35 et 33 km/h. Les pesticides se sont alors répandus, soumettant ainsi la population environnante à un danger avéré. Le lien entre l’utilisation de pesticides et la recrudescence de cancers, en premier lieu chez les agriculteurs eux-mêmes, n’est plus à prouver (voir Chlordécone : un scandale sanitaire éclabousse le ministère de l’Agriculture).
« On en avait marre de voir les façades de nos maisons aspergées de pesticides, de se faire arroser en se promenant dans les chemins » déplore à 20minutes Fabrice Micouraud, vice-président de l’association Allassac-ONGF (Œuvrons pour les générations futures). S’ils ont porté plainte, ce n’est pas tant contre les pomiculteurs, mais plutôt pour briser l’immobilisme des pouvoirs publics. « La plupart d’entre eux sont conscients du problème et certains aimeraient sortir de ce système mais ils ne peuvent pas en l’absence de volonté des instances dirigeantes », poursuit-il, excédé (voir Jardiniers, apprenez à vous passer de… pesticides !).
Epandre pour survivre !
A Allassac, de nombreux habitants souffrent de pathologies liées aux pesticides. Et Fabrice Micouraud milite depuis une dizaine d’années pour faire évoluer la situation. Rien n’y fait. Ce procès aura donc le mérite de mettre en lumière un fléau de santé publique, bien maigre au regard des économies réalisées grâce aux pesticides. C’est tout le système qu’on accuse donc : la surproduction qu’exige la filière oblige les producteurs à épandre toujours plus de pesticides pour améliorer la rentabilité de leur affaire. Au détriment de leur propre santé et de celle de leurs voisins.
L’avocat spécialisé en droit de l’environnement, Stéphane Cottineau, avoue à l’AFP qu’il attend que ce cas fasse jurisprudence et se réjouit que le procès « puisse mettre l’accent sur la dangerosité de ces produits dont bien souvent les victimes sont les professionnels eux-mêmes » (voir Pesticides : ils sont dangereux, c’est sûr).
Pour prendre conscience des dégâts causés par les pesticides, consultez la vidéo en cliquant ici