ci-joint, envoi de la FEVE, ce courrier inter associatif, élaboré
avec Pénéolpe Vincent-Sweet de France Nature Environnement, destiné au
Joint Research Center, institut chargé par la commission européenne
d'étudier, entre autres, le digestat issu du TMB, et de préciser si un
tel digestat peut être qualifié de compost, ou s'il s'agit d'un déchet.
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Le 14 septembre 2012
Objet : Sortie du statut de déchets : un
enjeux environnemental et citoyen pour les décennies à venir
Madame,
Monsieur,
Qu’est-ce qu’un compost ?
Cette question qui pourrait paraître
anodine pour certains, ou évidente pour d’autres, est en fait un véritable
enjeu de société et environnemental.
Une définition agronomique agricole
d’un produit défini comme compost, et pouvant ainsi être épandu sur la terre
nourricière, fait appel au bon sens : ce produit doit être sain et
apporter à la terre cultivée une amélioration de sa structure et de sa texture.
Ce produit naturel doit ainsi être
exclusivement végétal, sans autres substances susceptibles de dégrader à long
terme nos sols.
Pourtant, les lobbies des déchets
ont développé une technologie censée remplacer l’incinération, le
Tri-Mécano-Biologique-Compostage ou Méthanisation, dont le principe est de
produire du compost avec nos ordures ménagères résiduelles, soit la poubelle où
tout est mélangé.
Les retours d’expérience des usines
développant cette technologie sont tous des échecs, et certains centres
pratiquent allègrement le mélange des digestats sortants des lignes de
traitements des ordures ménagères résiduelles, avec des composts sains, issus
du compostage de déchets verts et de bio déchets.
Bien conscients de la forte
concentration des polluants (notamment cadmium) et inertes (verre, plastiques,
caoutchoucs…) présents dans leurs digestats, les exploitants de ces unités ne
font donc que diluer leur nocivité pour les rendre plus
« acceptables » et sauver ainsi une niche, le TMB, qui pourrait leur
ouvrir de nouvelles perspectives de profits.
Comment produire un compost à partir
de nos poubelles ?
Après avoir nettoyé ma cuisine, je
jette le berlingot d’eau de javel dans ma poubelle sans avoir fait attention
qu’il en restait un peu et le tout se répand sur mes épluchures et mes restes
de repas. La même chose peut se passer avec des solvants, du white spirit…
La poubelle où tout est mélangé est une
véritable usine chimique en miniature, à laquelle il faut rajouter des piles,
des ampoules, du silicone, et d’autres produits extrêmement polluants, dus à
l’insouciance ou l’inconscience de producteurs de déchets, particuliers ou
professionnels….
N’est-il pas évident que le meilleur
geste est de ne pas tout mélanger, mais de collecter à la source les restes de
repas ?
Plus d’eau de javel, plus d’autres
produits chimiques polluants, plus de plastiques, de verre…
Mais comment inciter la population à
effectuer ces gestes vertueux et de bon sens, quand les lobbies des déchets
nous disent que ce n’est pas la peine car ils ont mis au point des usines
magiques qui retrient nos poubelles en usine, et qui arrivent à produire un
compost tellement sain qu’on en mangerait ?
Les promoteurs et constructeurs de
ces projets utilisent l’astuce de respecter la norme française NFU 44051 pour
justifier d’une appellation compost de leurs digestats. Or cette norme, l’une
des plus laxistes d’Europe, fait l’objet de nombreuses critiques, de la part du
monde agricole et associatif.
Tout le monde sait que cette norme,
qui ne sert que les industriels des déchets, est incompatible avec la pérennité
des sols et ne fait pas référence dans le monde agricole.
Les agriculteurs sont en effet les
premiers concernés, mais sont volontairement évités dans les débats, car ils ne
veulent pas du digestat issu du TMB.
Pour eux, ce n’est pas un compost
(cf l’avis de la chambre d’agriculture de l’Eure).
Le bon sens est la règle dans une
majorité de pays en Europe, qui interdisent purement et simplement le retour à
la terre de substances issues du traitement des ordures ménagères non triées à
la source.
Les lobbies des déchets français
effectuent depuis de nombreux mois une remarquable campagne de sauvetage du
Tri-Mécano-Biologique-Compostage ou Méthanisation auprès des plus hautes
institutions de l’Europe et du gouvernement français et nous sommes conscients
de l’ampleur des pressions qui peuvent être exercées sur vous et l’ensemble de
vos collaborateurs.
Sachez toutefois que vos travaux
sont également suivis de très près par les associations de défense de
l’environnement, par les agriculteurs soucieux de préserver la terre
nourricière, par beaucoup élus (en témoignent les débats et rapport sénatoriaux
à ce sujet), et par un nombre de citoyens bien plus important que ne
l’imaginent certains.
L’issue de vos travaux instaurera l’application
d’une norme européenne qui interdira ou non le principe du retour à la terre
des digestats issus du traitement d’ordures ménagères non triées à la source.
L’évidence et l’avenir s’orientent
vers la collecte sélective des biodéchets, déjà développée dans plusieurs pays
de l’union européenne.
La protection de l’environnement est
en jeu, mais également l’évolution de l’éducation citoyenne sur la gestion de
nos déchets.
C’est ainsi au nom de nos
différentes associations, soutenus par de nombreux élus, que nous vous appelons
à ne pas céder aux pressions des lobbies des déchets et à instaurer une norme
compost excluant définitivement les digestats issus du traitement des ordures
ménagères résiduelles.
Dans cette attente, veuillez agréer Monsieur
le xxx, l'assurance de notre respectueuse considération.
Le COLLECTIF des
ASSOCIATIONS
Pièces-jointes :
1.
Dossier Inter
Associations sur le digestat issu du traitement des ordures ménagères
résiduelles,
2.
Position de la Chambre
d'Agriculture de l'Eure.
3.
Positions
antagonistes de Véolia entre la France et l’Angleterre : Quel avenir pour
les composts de TMB ? (Pascal Pelerbe 12 avril 2012) – The waste manifesto
2 (2010).